33

Que cela ne fasse aucun doute : je suis l’assemblage de nos ancêtres, l’arène où ils exercent mes moments. Ils sont mes cellules et je suis leur corps. C’est du favrashi que je parle, de l’âme, de l’inconscient collectif, la source des archétypes, le réceptacle des traumas et des joies. Je suis le choix de leur éveil. Mon samhadi est leur samhadi. Leur expérience est la mienne. Leur savoir distillé est mon héritage. Ces milliards d’êtres sont un en moi.

Les Mémoires Volés.

Le spectacle donné par les Danseurs-Visages le lendemain matin sur la place dura près de deux heures. Immédiatement après fut annoncée la nouvelle qui se propagea comme une onde de choc à travers la Cité Festive.

— Il y a des siècles qu’il n’a pas pris de compagne !

— Plus d’un millier d’années, ma chère !

La parade des Truitesses avait été brève. Elles avaient acclamé Leto, mais elles étaient troublées.

Ne leur avait-il pas affirmé : Vous êtes mes seules fiancées ? N’était-ce pas là toute la signification du Siaynoq ?

Leto avait trouvé que les Danseurs-Visages s’étaient bien comportés compte tenu de leur terreur évidente. Les costumes venaient du fin fond d’un musée fremen : cape noire à capuche et à cordelière blanche, faucon vert déployé appliqué dans le haut du dos. C’était l’uniforme des prêtres itinérants de Muad’Dib. Les Danseurs-Visages s’étaient fait des masques sombres et couturés et leur danse avait retracé la manière dont les légions de Muad’Dib avaient propagé leur religion à travers l’Empire.

Hwi, vêtue d’une rutilante robe d’argent ornée d’un collier de jade vert, était demeurée aux côtés de Leto sur le Chariot Royal durant toute la cérémonie. A un moment, elle s’était penchée vers son visage pour lui demander :

— N’est-ce pas une parodie ?

— Pour moi, peut-être, avait répondu Leto.

— Les Danseurs-Visages le savent ?

— Ils s’en doutent.

— Alors, ils ne sont pas aussi terrorisés qu’ils en ont l’air.

— Oh, si ! Ils sont terrifiés. Seulement, ils sont plus courageux que la plupart des gens ne s’y attendraient.

— Le courage frise parfois l’inconscience, murmura-t-elle.

— Et inversement.

Elle l’avait gratifié d’un regard inquisiteur avant de reporter son attention sur le spectacle qui continuait. Près de deux cents Danseurs-Visages avaient échappé au massacre. On les avait forcés à participer à cette exhibition. Les motifs compliqués de leur danse, leurs postures, avaient un pouvoir de fascination qui faisait oublier pour un temps les événements sanglants qui avaient précédé cette journée.

Seul dans sa petite chambre d’audience un peu avant midi, Leto repassait toutes ces images dans son esprit lorsque Moneo arriva. Le majordome avait accompagné la Révérende Mère Anteac jusqu’à la navette de la Guilde, il avait conféré avec le haut commandement des Truitesses au sujet des derniers événements, avait effectué un aller-retour rapide à la Citadelle pour s’assurer que Siona s’y trouvait sous bonne garde et n’avait pas trempé dans l’attaque de l’ambassade, puis était revenu à Onn juste à temps pour apprendre, sans autre préambule, l’annonce des fiançailles de l’Empereur-Dieu.

Le majordome était furieux. Jamais Leto ne l’avait vu dans cet état-là. Il pénétra en trombe dans la chambre d’audience et ne s’arrêta qu’à deux mètres du visage de Leto.

— A présent, tout le monde va croire les mensonges des Tleilaxu ! s’écria-t-il.

Leto lui répondit sur un ton de modération.

— Comme elle a la vie dure, cette prétention d’avoir des dieux parfaits. Les Grecs étaient beaucoup plus raisonnables dans ce domaine.

— Où est-elle ? demanda Moneo. Où est cette…

— Hwi se repose. La nuit a été difficile et la matinée longue. Je veux qu’elle soit en forme quand nous retournerons ce soir à la Citadelle.

— Comment a-t-elle réussi à faire ça ? insista Moneo.

— Vraiment, Moneo ! Aurais-tu perdu toute circonspection ?

— Je m’inquiète pour vous ! Vous doutez-vous de ce qu’on raconte dans la Cité ?

— Je suis parfaitement au courant des ragots.

— Mais que cherchez-vous à faire, réellement ?

— Vois-tu, Moneo, je crois que seuls les anciens panthéistes avaient des idées saines sur les divinités : des faiblesses de mortels sous des dépouilles immortelles.

Moneo leva les deux bras au ciel.

— J’ai vu le regard qu’ils avaient ! Il abaissa les bras. Dans quinze jours, ce sera tout l’Empire !

— Peut-être faudra-t-il un peu plus longtemps.

— Si vos ennemis avaient besoin d’une chose pour les unifier…

— La profanation du dieu est une vieille tradition humaine, Moneo. Pourquoi ferais-je exception ?

Le majordome voulut parler, mais s’aperçut qu’il était incapable de prononcer un mot. Il piétina un instant, se rapprochant du bord de la fosse où était le chariot de Leto, puis recula, toujours en piétinant, reprenant la place qu’il occupait auparavant, sans cesser de fustiger l’Empereur-Dieu du regard.

— Si vous voulez que je vous aide, reprit-il, j’ai besoin d’une explication. Pourquoi faites-vous ça ?

— Pour des raisons sentimentales.

Les lèvres de Moneo remuèrent, mais la réponse ne sortit pas.

— Elles me sont tombées dessus juste au moment où je les croyais à jamais enfuies, reprit Leto. Ah ! que ces dernières petites gorgées d’humanité sont douces !

— Avec Hwi ? Mais vous ne pouvez certainement pas…

— Les sentiments sous forme de souvenirs ne suffisent jamais, Moneo.

— Voulez-vous dire que vous vous laissez aller à…

— Me laisser aller ? Certainement pas ! Mais le trépied sur lequel l’Éternité repose en équilibre est composé de chair, d’idées et de sentiments. J’avais l’impression d’être réduit à la chair et aux idées.

— Elle vous a jeté je ne sais quel sort ! accusa Moneo.

— C’est évident. Et je lui en suis bien reconnaissant ! Si nous nions la nécessité des idées, Moneo, comme certains font, nous perdons le pouvoir de réflexion ; nous ne pouvons plus définir ce que nous rapportent nos sens. Si nous nions la chair, nous ôtons les roues au véhicule qui nous porte. Mais si nous nions les sentiments, nous perdons tout contact avec notre univers intérieur. C’étaient les sentiments qui me manquaient le plus.

— J’insiste, Mon Seigneur, pour que vous…

— Tu es en train de m’énerver, Moneo. Ça aussi, c’est un sentiment.

Leto vit la fureur frustrée de Moneo se refroidir comme un fer chaud plongé dans l’eau glacée. Mais la vapeur restait à l’intérieur.

— Ce n’est pas à moi que je pense, Mon Seigneur. C’est à vous, et vous le savez très bien.

Leto parla d’une voix très douce :

— Ces sentiments te font honneur, Moneo, et je les apprécie à leur juste valeur.

Moneo prit une longue inspiration tremblante. Jamais il n’avait vu l’Empereur-Dieu dans un tel état d’âme, en proie à une telle émotion. Il paraissait à la fois débordant d’exultation et résigné, si toutefois Moneo interprétait correctement ce qu’il voyait. Mais pouvait-on savoir ?

— Ce qui rend l’existence douce aux vivants, reprit Leto, ce qui remplit la vie de chaleur et de beauté, c’est cela que je voudrais préserver, quand bien même cela me serait interdit.

— Alors, cette Hwi Noree est vraiment…

— Elle me rappelle d’une manière poignante le Jihad Butlérien. Elle représente l’antithèse de tout ce qui est mécanique et non humain. Comme il est curieux, Moneo, que ce soient justement les Ixiens, entre tous, qui aient réalisé le seul être capable d’incarner à la perfection toutes les qualités auxquelles j’attache le plus de prix.

— Je ne comprends pas, Mon Seigneur, votre allusion au Jihad Butlérien. Les machines qui pensent n’ont pas leur place dans…

— La cible du Jihad était une attitude favorable aux machines, autant que les machines elles-mêmes. Les humains avaient mis dans ces machines de quoi usurper notre sens du beau, notre indispensable individualité qui est à la base de nos jugements vivants. Naturellement, les machines ont été détruites.

— Mon Seigneur, cela m’ennuie tout de même que vous puissiez accueillir ainsi cette…

— Moneo ! Hwi me rassure par sa seule présence. Pour la première fois depuis des siècles, je ne me sens pas seul, à moins qu’elle ne soit loin de moi. Si je n’avais pas d’autres preuves de mes sentiments, cela suffirait.

Moneo demeura silencieux, visiblement touché par l’évocation que venait de faire Leto de sa solitude. Le majordome comprenait certainement ce que signifiait l’absence de communion intime dans l’amour. Son expression le montrait bien.

Pour la première fois depuis très longtemps, Leto s’avisa que Moneo avait beaucoup vieilli.

Cela leur arrive si subitement, songea-t-il.

Il se rendit compte, alors, de l’attachement qu’il éprouvait pour Moneo.

Je ne devrais jamais m’attacher ainsi, mais c’est plus fort que moi… surtout depuis que Hwi est ici.

— Ils se moqueront de vous ; ils feront des plaisanteries obscènes, déclara Moneo.

— Tant mieux.

— Comment cela, tant mieux ?

— C’est une nouveauté. Notre rôle a toujours été d’introduire des nouveautés dans la balance afin de modifier les comportements sans toucher à la survie.

— Tout de même, comment pouvez-vous vous en réjouir ?

— De leurs obscénités ? Quel est le contraire de l’obscénité ?

Les yeux de Moneo s’agrandirent sous l’effet d’une soudaine prise de conscience. Il avait vu l’action de polarités multiples – la chose définie par son contraire.

La chose se détache sur un arrière-plan qui l’éclaire, se dit Leto. Moneo est certainement capable de voir ça.

— C’est trop dangereux, déclara Moneo.

L’ultime verdict du conservatisme !

Moneo n’était pas convaincu. Un profond soupir l’ébranla.

Il faudra que je me souvienne de ne pas leur ôter leurs doutes, songea Leto. C’est ainsi que j’ai manqué à mes Truitesses, sur la place. Les Ixiens se raccrochent aux bords effilochés des doutes humains. Hwi en est la preuve.

Il y eut un remue-ménage dans l’antichambre. Leto commanda la fermeture de l’arcade pour prévenir toute intrusion.

— Mon Duncan est arrivé, dit-il.

— Il a probablement appris votre projet de mariage…

— Probablement.

Leto contempla son majordome aux prises avec ses doutes. Ses pensées étaient parfaitement transparentes. En cet instant, Moneo s’insérait si précisément dans sa niche humaine que Leto l’aurait embrassé.

Il fait toute l’étendue du spectre : doute-confiance, amour-haine… rien n’y manque ! Aucune de ces chères qualités qui viennent à maturation dans la chaleur de l’émotion, dans le désir de se brûler au feu de la Vie.

— Pourquoi Hwi accepte-t-elle ? demanda Moneo.

Leto sourit. Moneo ne peut pas douter de moi ; il faut qu’il doute de quelqu’un d’autre.

— J’admets que ce n’est pas une union ordinaire, répondit-il. C’est une primate, et je ne le suis plus tout à fait.

De nouveau, Moneo fut aux prises avec des choses qu’il pouvait ressentir mais qu’il ne pouvait pas exprimer.

Observant son majordome, l’Empereur-Dieu sentit monter en lui le flot d’une perception globale. C’était un processus qui ne survenait qu’en de rares occasions, mais lorsqu’il survenait, l’amplification était si aiguë que Leto n’osait pas bouger de peur d’en troubler la surface.

Le primate pense et, grâce à sa pensée, survit. Mais derrière cette pensée, il y a une chose que lui ont apportée ses cellules. Il s’agit du courant de préoccupation humaine à l’égard de l’espèce. Parfois, ce courant est voilé, muré, détourné par d’épaisses barrières, mais j’ai délibérément sensibilisé Moneo aux mécanismes de son moi profond. Il me suit parce qu’il est convaincu d’avance que je suis le meilleur parcours pour la survie humaine. Il connaît l’existence d’une perception cellulaire. C’est ce que je découvre lorsque je scrute le Sentier d’Or. Il s’agit de l’humanité et nous sommes tous les deux d’accord sur ce point : elle doit perdurer !

— Où, quand et comment se déroulera la cérémonie du mariage ? demanda Moneo.

Ce n’est plus « pourquoi », nota l’Empereur-Dieu. Moneo avait renoncé à comprendre. Il était revenu sur un terrain ferme. Il était le majordome, le responsable de la maison de l’Empereur-Dieu, le premier ministre.

Il dispose de noms, de verbes et de qualificatifs pour arriver à ses fins. Les mots le servent à leur manière usuelle. Point n’est besoin qu’il entrevoie les possibilités transcendantales des termes qu’il utilise, car il perçoit très bien leurs acceptions mondaines, de tous les jours.

— Vous ne répondez pas à ma question ? insista Moneo.

Leto plissa les paupières en songeant : Moi, pour ma part, je considère que les mots sont surtout utiles quand ils dégagent des perspectives attrayantes et nouvelles. Mais l’usage des mots est tellement mal compris par nos civilisations, qui croient encore aveuglément à un univers mécanique uniquement régi par des relations de cause à effet, idéalement réductibles à une grande Cause Première et à un Effet Génésique absolu.

— Comme cette illusion ixio-tleilaxu s’accroche avec ténacité aux affaires humaines… fit-il à haute voix.

— Mon Seigneur, c’est très gênant, lorsque vous ne prêtez pas attention.

— Mais je prête attention, Moneo.

— Pas à moi.

— Même à toi.

— Votre attention se disperse. Mon Seigneur. Vous n’avez pas besoin d’essayer de me le cacher. Je mourrais, plutôt que de vous trahir.

— Tu crois que je file de la laine ?

— Filer de la laine, Mon Seigneur ?

Moneo était de plus en plus perplexe.

Leto lui expliqua l’image en songeant : C’est si vieux, tout cela ! Les quenouilles et les rouets… les hommes vêtus de toisons animales… du chasseur au pasteur… la longue ascension de la conscience humaine… et à présent, ils ont encore un autre échelon à gravir, encore plus long que tous les précédents…

— Vos pensées vagabondent, accusa Moneo.

— N’ai-je pas tout le temps de les laisser vagabonder ? C’est justement l’une des choses les plus intéressantes de mon existence en tant que multitude singulière.

— Mais il y a des questions, Mon Seigneur, qui requièrent…

— Tu serais surpris, Moneo, si tu savais tout ce qui peut sortir d’un peu de rêverie. Je n’ai jamais regretté d’avoir passé parfois un jour entier sur une affaire à laquelle un humain n’aurait pas accordé cinq minutes. Cela t’étonne ? Avec une espérance de vie de quatre mille ans, qu’est-ce qu’un jour de plus ou de moins pour moi ? Combien de temps représente une vie humaine ? Un million de minutes ? C’est pratiquement ce que j’ai déjà vécu en jours.

Moneo demeurait silencieux et figé, diminué par cette comparaison. Il sentait sa propre existence réduite à la dimension d’un grain de poussière dans l’œil de Leto. Et la source de cette comparaison-là ne lui était pas inconnue.

Des mots… des mots… des mots… songea le majordome.

— Les mots sont souvent presque inutiles dans les affaires sentientes, murmura Leto.

La respiration de Moneo descendit jusqu’au seuil critique. C’est vrai que le Seigneur lit dans la pensée !

— Au cours de notre histoire humaine, reprit l’Empereur-Dieu, l’utilisation la plus forte qui ait été faite des mots a toujours consisté à circonscrire un événement transcendantal quelconque pour lui donner une place dans la chronique officielle en expliquant cet événement de telle manière qu’on puisse dire ensuite, en reprenant les mêmes mots : « Voilà ce qu’ils signifiaient alors. »

Moneo se sentait anéanti par ces paroles, épouvanté par les choses indicibles qu’elles étaient capables de faire surgir dans sa pensée.

— C’est ainsi que les événements se perdent dans le cours de l’histoire, conclut Leto.

Au bout d’un long moment de silence, Moneo s’enhardit à faire remarquer :

— Vous n’avez pas encore répondu à ma question, Mon Seigneur. A propos de vos noces ?

Comme sa voix est lasse, songea Leto. Comme il a l’air écrasé…

Il répliqua avec vivacité.

— Jamais je n’ai eu tant besoin de tes bons offices, Moneo. Ces noces doivent être organisées avec le plus grand soin. Je veux que tu y mettes toute la diligence dont toi seul es capable.

— Où, Mon Seigneur ?

Un peu plus de vie dans sa voix.

— Au village de Tabur, dans le Sareer.

— Quand ?

— Je laisse la date à ton entière appréciation. Tu annonceras le jour lorsque tous les détails auront été réglés.

— Et la cérémonie à proprement parler ?

— J’officierai moi-même.

— Aurez-vous besoin d’assistants, Mon Seigneur ? D’accessoires particuliers ?

— Les apparats du rite ?

— Tous les détails auxquels je ne…

— Notre petit mimodrame nécessitera bien peu.

— Mon Seigneur, je vous en prie ! Soyez…

— Tu donneras le bras à la mariée et tu la conduiras à l’autel. Nous officierons selon l’ancien rite fremen.

— Il nous faudra des anneaux d’eau.

— Oui. Nous utiliserons ceux de Ghani.

— Et qui assistera à la cérémonie, Mon Seigneur ?

— Rien qu’un détachement de Truitesses et l’aristocratie.

Moneo, perplexe, regarda l’Empereur-Dieu.

— Que… qu’entendez-vous au juste par « l’aristocratie », Mon Seigneur ?

— Toi, ta famille, les familiers de la Maison impériale et les courtisans de la Citadelle.

— Ma fam… Moneo déglutit avec peine. Cela comprend Siona ?

— Si elle survit à l’épreuve.

— Mais…

— Ne fait-elle pas partie de la famille ?

— Bien sûr, Mon Seigneur. C’est une Atréides…

— Dans ce cas, pas question de l’exclure !

Moneo sortit de sa poche un minuscule enregistreur tactile d’un noir mat, un de ces appareils de fabrication ixienne qui étaient à la limite de la prohibition butlérienne. Un sourire effleura les lèvres de Leto. Moneo connaissait son travail et il allait maintenant l’accomplir.

Le remue-ménage provoqué dans l’antichambre par Duncan Idaho s’intensifia sensiblement, mais le majordome l’ignora.

Moneo sait quel est le prix de ses privilèges, songea Leto. C’est un autre genre de mariage. Celui du privilège et du devoir. Il y a là toute la raison d’être de l’aristocrate.

Moneo acheva de prendre ses notes.

— Encore quelques détails, Mon Seigneur, dit-il. Faut-il prévoir une robe spéciale pour la mariée ?

— La cape et le distille traditionnels de la cérémonie fremen. La vraie.

— Bijoux ou autres ornements ?

Le regard de Leto se riva sur les doigts de son majordome qui s’étaient remis à glisser sur la surface mate de l’enregistreur. Il y voyait une dissolution.

Le courage, la connaissance, le sens de l’ordre et du commandement, toutes ces qualités, Moneo les a en abondance. Elles l’entourent comme une auréole. Mais elles dissimulent, à tous les yeux sauf aux miens, la gangrène qui ronge de l’intérieur. On ne peut rien y faire. Si je disparaissais, tout le monde pourrait s’en apercevoir.

— Mon Seigneur ? insista Moneo. Êtes-vous encore en train de filer de la laine ?

Comme il aime cette expression !

— Rien d’autre, répondit-il à haute voix. La cape, le distille et les anneaux d’eau.

Moneo s’inclina et sortit rapidement.

Il regarde droit devant lui, maintenant, se dit Leto. Mais cette nouveauté aussi passera. Il se tournera encore vers le passé. Moi qui avait naguère de tels espoirs pour lui. Bah… peut-être que Siona…

 

L'Empereur-Dieu de Dune
titlepage.xhtml
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Herbert,Frank-[Dune-4]L'empereur-dieu de Dune(God emperor of Dune)(1981).MOBILE.French.ebook.AlexandriZ_split_054.html